Le tout nouveau Testament, le meilleur et le pire comme dans la vraie vie...
Une famille bruxelloise , un appartement sombre et sordide, un père crado, braillard, ivrogne, paresseux et violent qui bat sa fille et son épouse. L'épouse silencieuse et soumise qui lorsqu'elle ne fait pas le ménage de leur taudis, pratique l'art de la broderie suscitant les moqueries et les insultes de son mari, en pensant à son fils dont elle n'a plus de nouvelles mais qui a promis de revenir un jour. Une petite fille de dix ans qui un jour se lasse de la violence paternelle et décide de se venger de ce dernier. Une famille du quart-monde comme les autres. Sauf qu'il ne s'agit pas d'une famille comme les autres puisque le père en peignoir et caleçon dégueulasse traînant ses pantoufles n'est autre que Dieu le père. Et quand Dieu, après avoir terrorisé sa femme et sa fille, ne ronfle pas à côté de ses cadavres de Jupiler et devant la télévision qui diffuse du catch, il s'enferme dans un bureau sinistre où il invente des catastrophes pour les êtres qu'il a créés et s'amuse à empoisonner la vie des hommes par des lois absurdes. Et tout va ainsi au plus mal dans le plus malheureux des mondes sous le regard cynique et le rire sardonique de Dieu. Jusqu'au jour où la petite fille, Ea, fuit cet univers sombre, avec l'aide de son frère J.C, qui lui conseille de se chercher des apôtres pour rédiger un nouveau testament qui modifierait le sort des hommes et les plans diaboliques de Dieu. Avant de fuir, Ea pirate l'ordinateur paternel et envoie à chaque habitant de la terre un sms avec le décompte des jours qu'il reste à vivre à chacun. La colère du divin paternel est immense... mais Ea trouvera ses six apôtres. Des apôtres pittoresques, entre SDF insouciant qui ne connaît pas la date de son décès car il n'a jamais eu de téléphone, un obsédé sexuel, un assassin qui tombera amoureux, un aventurier, une vieille bourgeoise riche mais déçue par la vie et qui trouvera le réconfort avec un amant plutôt inattendu, une jeune fille jolie mais mutilée, à la recherche de l'amour, un petit garçon victime d'un syndrome de Munchausen, des existences dont le cours des derniers jours va être modifié par Ea. Et libérée de son affreux mari, la déesse réinitialisera le cours du monde... dans un univers coloré digne des meilleurs ou des pires Disney... Tandis que Dieu sombre peu à peu dans l'enfer victime des lois qu'il a inventées.
Jaco Van Dormael dénonce un Dieu inique et sans pitié, mais curieusement dans ce film, l'humanité n'est sauvée que par des interventions divines, celles de la petite fille, de sa mère la Déesse et même celle de JC qui en permettant à sa petite soeur de fuir la violence paternelle donne un nouvel espoir aux hommes.
Un Benoît Poelvoorde magistral en Dieu haïssable et pathétique, une magnifique Yolande Moreau toute en douceur, une Pili Groyne émouvante et attendrissante dans le rôle d'Ea. Admirable et incongrue la prestation de Catherine Deneuve et les autres personnages sont criants de drôlerie et de vérité.
Le film met du temps à démarrer, il y a des longueurs, mais au total un bon moment cinema.
Des situations totalement surréalistes, de la violence, de la tendresse, de la tristesse, de l'amertume, de l'humour au second degré, du cynisme, ... un univers tour à tour noir ou lumineux, où le désespoir alterne avec l'espoir, la beauté et la laideur se croisent, ... le pire et le meilleur se cotoient, comme dans la vraie vie finalement.
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